SOYONS CLAIRS – entretien avec Andrew Pegler

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Suite de notre virée à la rencontre des experts du langage clair, partout dans le monde. Cette fois-ci, on vous emmène en Australie, direction Melbourne, à la rencontre de Andrew Pegler, qui dirige l’une des principales agences australiennes dédiées à la rédaction en langage clair. Il travaille notamment avec le gouvernement du Commonwealth sur les textes destinés aux aborigènes.

Pourquoi vous êtes-vous mis au langage clair ?

Parce que je suis convaincu qu’il n’y a pas de communication sans clarté, honnêteté et humilité. Je suis aussi un ennemi acharné du « gobbledygook », à savoir du charabia technocratique. Alors, je m’efforce d’écrire de façon claire et concise : c’est aussi simple que ça ! J’ai commencé comme journaliste – notamment pour Rock’n Folk – et c’était déjà ma façon de faire. Quand j’ai créé mon agence au tournant des années 2000, j’ai tout naturellement continué. Pourtant je n’avais jamais entendu parler des règles du « langage clair ». Je n’ai eu connaissance de ces règles « officielles » qu’en 2004, quand j’ai découvert le mouvement PLAIN.

Le langage clair est-il répandu en Australie ?

Oui, le langage clair est vraiment entré dans les habitudes. Je dirais même qu’il y a une pression sociale pour que les entreprises communiquent clairement. C’est particulièrement vrai dans le domaine financier. Ici, les médias pointent du doigt les banques qui manquent de clarté quand elles présentent un produit. Et il arrive que des citoyens attaquent en justice des établissements financiers qui ne respectent pas les règles du langage clair. La pression existe aussi pour les administrations. Dans une démocratie, les citoyens ont le droit de comprendre ce que le gouvernement attend d’eux et ce qu’il décide. Le gouvernent australien l’a bien compris !

« En Australie, il y a une pression sociale pour que les administrations et entreprises utilisent le langage clair. »

Pouvez-vous dire deux mots de votre travail avec les aborigènes ?

Cela fait quatre ans que je travaille aux côtés du gouvernement, pour rédiger des textes destinés aux aborigènes. Les thèmes sont variés, puisqu’ils vont de l’aide sociale, aux droits des communautés, en passant par les protocoles sanitaires. L’exercice est particulièrement exigeant, car l’anglais est la seconde langue de ces communautés. On ne leur parle pas de la même façon qu’à la « middle class » australienne. La recherche de concision, de clarté, la traque au charabia est un exercice complexe. Il nécessite d’avancer main dans la main avec les communautés, par exemple via des focus groups permettant de valider que les textes sont bien compris.

Comment voyez-vous le futur du langage clair ?

Je pense que le langage clair a un bel avenir, pour au moins trois raisons :

  • la crise actuelle a montré les atouts du langage clair. En période de tension, on ne peut pas se permettre d’être flou. C’est l’efficacité qui prime. Tout va très vite, chaque erreur d’interprétation peut être fatale. Les gens ont peur aussi, ils ont besoin d’être rassurés avec des messages clairs et synthétiques. Churchill avait compris cela dès la bataille d’Angleterre. Saviez-vous qu’à l’époque il avait imposé un édit imposant aux bureaucrates d’arrêter le « gobbledygook » ?  
  • l’infobésité oblige à la concision : aujourd’hui, les gens sont submergés d’infos. Ils n’ont plus de temps à perdre à essayer de comprendre des courriers illisibles. Ils veulent comprendre vite ce que l’on attend d’eux… histoire de pouvoir passer à l’info suivante sur Instagram !
  • le langage clair fait gagner de l’argent aux entreprises :  il a un vrai impact sur la productivité et le business. Les taux de conversions sont meilleurs, le nombre de réclamations est moins important.

Quels conseils pouvez-vous donner pour écrire en langage clair ?

  • Le premier conseil serait de se mettre dans la peau de la personne qui va lire. Il faut imaginer son âge, son sexe, ses habitudes, ses craintes, son métier, etc. Bref, il faut créer ses « persona » marketing. Je commence systématiquement par là, que je rédige un rapport annuel, une lettre de résiliation pour un assureur ou des textes pour les populations aborigènes.
  • Le deuxième conseil serait de chercher le point limite, c’est-à-dire la limite au-delà de laquelle il n’est plus possible de clarifier sans perdre le sens et le message. Einstein le dit mieux que moi : « everything should be made as simple as possible, but not one bit simpler ».
  • Bien sûr, je conseille aussi de suivre les règles de bon sens du langage clair : phrases courtes, affirmatives, à la forme active, message-clé au début, etc. En anglais ou en français, ce sont les mêmes !

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